le 28 décembre 2020
Hello mes amours,
Dans quelques jours, je vais avoir soixante-dix ans. Je ne sais pas exactement ce que cela signifie, mais je peux dire que je suis heureux d’avoir vécu aussi longtemps. Je suis aussi plus qu’un peu surpris ! J’ai frôlé la mort à plusieurs reprises à ma connaissance et sans doute bien plus sans que je le sache. J’ai failli me noyer au large de la plage de Zuma en 1967. Je suis tombé du ciel en deltaplane en 1978, j’ai souvent conduit ivre mort (complètement bourré) et failli succombé à l’alcoolisme et à la toxicomanie au début des années 80. J’ai manqué de peu des douzaines d’accidents de la circulation dans le monde entier. Mon cœur a continué de battre depuis ces dernières dix années grâce à un petit appareil miraculeux implanté sous un muscle de ma poitrine. Je voudrais vous dire que je suis constamment reconnaissant d’être en vie et que je ne prends rien de tout cela pour acquis, mais en réalité, la plupart du temps, ce n’est pas vrai.
A présent mon corps se fatigue facilement, je fais des bruits étranges quand je me lève d’une chaise basse et le sexe est passé de la fanfare à un plaisant chœur de fond. La plupart du temps, je mets tout cela sur le compte de « l’évolution naturelle des choses », mais parfois, ça m’énerve vraiment. Je n’aime pas particulièrement l’idée que la tendance soit à la baisse.
Heureusement, je n’y pense pas beaucoup.
Dans l’ensemble, j’ai eu beaucoup de chance. Je me retrouve atteignant les soixante-dix ans en assez bonne santé (j’ai attrapé le Covid-19 mais je n’avais pas de symptômes) et je suis encore capable de mener une vie assez active. Je voyage souvent jusqu’à des rivières de montagne d’une beauté spectaculaire dans le monde entier pour pêcher la truite sauvage à la mouche. Je fais de la plongée sous-marine dans des mers chaudes et exotiques. Mon ventre généreux est un monument dédié à la nourriture exceptionnelle. Lorsque la liste des 50 Meilleurs Restaurants du monde est publié chaque année, je suis heureux de constater que j’ai pu manger dans beaucoup d’entre eux. Je vis dans une maison suffisamment proche de la mer pour qu’au moment où j’écris ces lignes, je puisse entendre le grognement des phoques et le ressac des vagues. Le climat dans lequel je vis est quasiment parfait.
J’ai suffisamment d’argent pour, qu’à moins d’une catastrophe, il y en ait assez pour finir mes jours sans être un fardeau pour ma famille. Je conduis une Audi A5 décapotable d’un modèle récent et j’ai le meilleur type de grand voilier (celui qui appartient à ma sœur et à mon beau-frère). Dans ma petite arrière-cour se trouve une charmante cascade et un bassin avec 13 magnifiques carpes koïs, dont certaines que j’ai depuis plus de 20 ans.
Ce que j’apprécie le plus, ce sont les gens avec qui je partage ce voyage. J’ai eu quelques amis très proches avec lesquels j’ai pu partager mes plus sombres secrets, de sorte qu’aujourd’hui, aucune partie de moi n’est complètement cachée au monde. Deux personnes gentilles et généreuses m’appellent papa et sept petits humains étonnants m’appellent grand-père. Trois femmes merveilleuses, dont le jugement est suffisamment mauvais, ont vécu avec moi et m’ont épousé. Jaki, qui se présente comme ma « dernière » épouse, me fait honneur depuis plus de 20 ans. Elle est l’une des personnes les plus remarquables que j’ai jamais rencontrées. Sa douceur et sa gentillesse sont une bénédiction pour moi et pour tous ceux qui ont la chance de la connaître. Nous sommes faits l’un pour l’autre. Nous parcourons le monde ensemble durant six mois sur une année normale et partageons l’émerveillement et la douleur. Et surtout, nous nous aidons à retrouver nos téléphones et nos lunettes. J’ai vraiment bien de la chance.
En 1987, je suis tombé amoureux d’un banquier à lunettes de Bombay, appelé Ramesh Balsekar. Mon association avec lui était d’une qualité qui défie toute description. Par sa grâce, ma souffrance a définitivement pris fin. Aujourd’hui, j’ai la grande chance de perpétuer son héritage et de contribuer à soulager les souffrances des gens autour du globe.
Je ne prétends pas être capable de prédire l’avenir. Il se peut qu’il me soit donné de vivre encore 30 ans ou 30 minutes de plus. En ce moment, je suis satisfait. Il y a la Paix.
Que cela vous trouve maintenant !
Avec beaucoup d’amour,
Wayne